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Analyste: Stanislas Perreau Un kaléidoscope d'émotions
D'origine danoise (il naquit vers 1637 dans l'actuel Schleswig Holstein), Dietrich Buxtehude passe encore aujourd'hui davantage pour un grand virtuose de l'orgue que pour un compositeur véritablement marquant, jugement souvent partagé par ses contemporains. Jean‑Sébastien Bach fit preuve de plus de clairvoyance, lui qui vouait une telle admiration au compositeur qu'il effectua un véritable pèlerinage à Lübeck pour entendre son idole. Ce disque vient à propos souligner le génie de Buxtehude et l'extrême valeur de ses compositions vocales sacrées.
En organisateur avisé et
infatigable, l'organiste danois instaura dès 1668 les Abend Musiken (littéralement:
« soirées musicales »), qui étaient l'occasion pour lui de représenter
ses extraordinaires cantates. Ces manifestations connurent rapidement un
grand succès, et servirent à Buxtehude de banc d'essai pour
l'expérimentation de trouvailles harmoniques et mélodiques. L'organiste
jette ici les bases de la cantate baroque allemande avec participation
active d'un ensemble instrumental restreint ‑ encore une donnée
consciencieusement reprise par Bach. Il se livre à un véritable travail
figuratif sur des textes souvent éloquents et contrastés. encore peu marqué par la concurrence discographique (notons entre autres la superbe anthologie signée Ton Koopman), Cantus Köln nous livre une interprétation bouleversante où les voix, particulièrement émouvantes, le disputent à des instrumentistes parfaits. N'en doutons pas, l'art consommé du luthiste Konrad Junghänel a servi de catalyseur à la réunion de ces talents exceptionnels... De quoi nous faire espérer une seconde incursion dans le monde fascinant des cantates de Buxtehude.
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