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Classica  # 1 (05/1998)
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Harmonia Mundi
HMG501629  




Code-barres / Barcode : 0794881853823

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Analyste: Stanislas Perreau

Un kaléidoscope d'émotions

 

D'origine danoise (il naquit vers 1637 dans l'actuel Schleswig­ Holstein), Dietrich Buxtehude passe encore aujourd'hui davantage pour un grand virtuose de l'orgue que pour un compositeur véritablement marquant, jugement souvent partagé par ses contemporains. Jean‑Sébastien Bach fit preuve de plus de clairvoyance, lui qui vouait une telle admiration au compositeur qu'il effectua un véritable pèlerinage à Lübeck pour entendre son idole. Ce disque vient à propos souligner le génie de Buxtehude et l'extrême valeur de ses compositions vocales sacrées.

En organisateur avisé et infatigable, l'organiste danois instaura dès 1668 les Abend Musiken (littéralement: « soirées musicales »), qui étaient l'occasion pour lui de représenter ses extraordinaires cantates. Ces manifestations connurent rapidement un grand succès, et servirent à Buxtehude de banc d'essai pour l'expérimentation de trouvailles harmoniques et mélodiques. L'organiste jette ici les bases de la cantate baroque allemande avec participation active d'un ensemble instrumental restreint ‑ encore une donnée consciencieusement reprise par Bach. Il se livre à un véritable travail figuratif sur des textes souvent éloquents et contrastés.
C'est l'occasion pour lui d'utiliser les mélismes instrumentaux et les courbes vocales avec l'art consommé d'un peintre ; il effectue aussi des recherches passionnantes sur tes timbres instrumentaux (couleurs sonores « exotiques » des cornets à bouquin, des trompettes, des violes, du basson et d'un tout nouveau venu : le hautbois). À cet égard, on relèvera le flamboiement de la Cantate nº 79, guerrière et étincelante, ou les abîmes de la Cantate nº 31, sombre et douloureuse. Dans un domaine

encore peu marqué par la concurrence discographique (notons entre autres la superbe anthologie signée Ton Koopman), Cantus Köln nous livre une interprétation bouleversante où les voix, particulièrement émouvantes, le disputent à des instrumentistes parfaits. N'en doutons pas, l'art consommé du luthiste Konrad Junghänel a servi de catalyseur à la réunion de ces talents exceptionnels... De quoi nous faire espérer une seconde incursion dans le monde fascinant des cantates de Buxtehude.

 

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