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 Extrait du livret / From the liner notes


Alia Vox
AVSA9873 (A + B + C)





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Le Royaume Oublié se réfère d’abord au “royaume de Dieu” ou “le royaume des cieux”, si cher aux cathares, qui est promis à tous les bons chrétiens depuis la venue du Christ, mais aussi dans notre projet, il nous rappelle l’ancienne civilisation oubliée de l’Occitanie. Cette ancienne “Provincia Narbonensis” terre de vieille civilisation où les Romains ont laissé leur empreinte, et que Dante définit comme “le pais où on parla la langue d’Oc», mérite encore tout juste dix mots, dans le dictionnaire “Le Petit Robert 2” de 1994, avec la brève explication; n.f. Auxitans Provincia. Un des noms des pays de langue d’oc au Moyen Âge. Comme le signale Manuel Forcano dans son intéressant article Occitanie ; Miroir de Al Andalus et refuge de Sépharade, “l’Occitanie fut déjà à partir d’époques très anciennes et jusqu’au Moyen âge, un territoire ouvert à toutes sortes d’influences, une frontière très perméable de populations et d’idées, un délicat creuset où confluent les savoirs, les musiques et les poèmes provenant du sud, de l’Al Andalus sage et sophistiqué, ainsi que du nord, de France et d’Europe, et de l’est, d’Italie et jusqu’aux Balkans et à l’exotique Byzance”. Toutes ces diverses influences en font l’un des centres les plus actifs de la culture romane, un pays d’une intense activité intellectuelle et possédant un degré de tolérance rare, pour l’époque médiévale. Ce n’est pas étrange que l’amour udri des arabes ait inspiré la poésie et la fin’amor des trobairitz et troubadours. Ce n’est pas étrange non plus que la kabbale prenne naissance entre ses communautés juives. Ce n’est donc pas étrange que ses chrétiens proposent et discutent des modèles d’Église différents, celle des bons homes ou catharisme et celle du clergé catholique.

Le Catharisme est l’une des plus anciennes et plus importantes croyances chrétiennes, qui se différencie de la doctrine de l’Eglise officielle par sa certitude en l’existence de deux principes coéternels, celui du Bien et celui du Mal. Dès les premiers temps du christianisme, le terme d’hérésie (qui vient du grec hairesis “opinion particulière”) fut appliqué aux interprétations différentes de celles reconnues par l’Église officielle. Comme le souligne si clairement Pilar Jiménez Sánchez, dans son article “Origines et expansion des Catharismes”, même si l’on pensa d’abord que ces croyances dissidentes qui apparurent à l’approche de l’an mille, étaient originaires de l’orient (Bulgarie), il est évident qu’elles se développèrent d’une manière tout à fait naturelle à partir des nombreuses controverses théologiques ayant déjà eu cours en Occident dès le IXe siècle. Elles s’installèrent en force dans beaucoup de villes et de villages de l’Occitanie qui avait une façon de vivre très personnelle et qui trouva son épanouissement dans l’art des troubadours. L’extraordinaire richesse musicale et poétique de cette culture “troubadouresque” qui s’étale durant ces XIIe et XIIIe siècles, représente un des moments historiques et musicaux les plus remarquables dans le développement de la civilisation occidentale. Époque riche d’échanges et de transformations créatives, mais pleine aussi de bouleversements et d’intolérance, elle a souffert d’une terrible amnésie historique, dûe en partie à des évènements tragiques liés à la croisade et à la persécution implacable de tous les cathares d’Occitanie. C’est en fin de compte une véritable “Tragédie cathare”, que déclenche la terrible Croisade contre les Albigeois.

“Parmi tous les événements, toutes les péripéties politiques qui se sont développés en notre pays (alors le pays d’Oc) au cours du Moyen Âge, un seul suscite aujourd’hui des passions encore violentes : c’est la croisade que le pape Innocent III lança en 1208 contre les hérétiques qui prospéraient dans le Sud du royaume (alors l’Occitanie) et que l’on désignait par le nom d’Albigeois. Si le souvenir de cette entreprise militaire demeure aussi vif après huit siècles, – disait Georges Duby – c’est qu’il touche à deux cordes de notre temps fort sensibles : l’esprit de tolérance et le sentiment national”. Le caractère à la fois religieux et politique marqua cette tragédie commencée par une croisade mais suivie par une véritable guerre de conquête embrasant l’actuel Languedoc et les régions voisines, provoquant une rébellion générale. Catholiques et hérétiques combattant alors au coude à coude, l’Occitanie finalement libérée de l’envahisseur mais exsangue, tomba comme un fruit mûr entre les mains du roi de France. Comme le remarque si bien Georges Bordonove “ce fut une véritable guerre de Sécession – la nôtre – ponctuée de victoires, de défaites, de retournements de situations incroyables, de sièges innombrables, de massacres sans excuse, de pendaisons, de bûchers monstrueux, avec çà et là, des gestes trop rares de générosité. Une résistance qui, pareille au phénix, renaissait inlassablement de ses cendres, jusqu’à l’approche d’un long crépuscule, au terme duquel s’alluma soudain l’autodafé de Montségur. Les derniers Parfaits (prêtres cathares) vécurent dès lors dans la clandestinité, avant d’être capturés un à un et de périr sur les bûchers. Les faidits (seigneurs dépossédés) rentrèrent dans le néant. Un nouvel ordre fut instauré, celui des rois de France”.

Ce projet n’aurait pas pu se réaliser sans les nombreux travaux de recherche réalisés par les historiens et chercheurs spécialisés comme Michel Roquebert, auteur de “L”’épopée cathare”, le grand René Nelli et Georges Bordonove, parmi tant d’autres, et pour la musique et les textes des troubadours les maîtres Friedrich Gennrich, Martin de Riquer et le regretté Francesc Noy qui dès 1976 nous introduisit magistralement, Montserrat Figueras et moi-même, dans le monde des trobairitz durant la préparation de l’enregistrement réalisé pour la collection Réflexe d’EMI Electrola. Plus récemment, c’est surtout grâce aux travaux, conversations, discussions et surtout grâce à l’aide et la disponibilité généreuse et essentielle d’Anne Brenon, Antoni Dalmau, Francesco Zambon, Martin Alvira Cabrer, Pilar Jiménez Sánchez, Manuel Forcano, Sergi Grau et Anna Maria Mussons (pour la prononciation de l’occitan) que ce projet a pu aboutir. C’est pourquoi nous tenons à les remercier tous de tout coeur. Leur profond savoir et leur sensibilité, leurs livres érudits et leurs thèses éclairées ont été et continueront d’être une source inépuisable de réflexion, de connaissance et d’inspiration constante. Grâce à leur travail minutieux et exhaustif, nous pouvons aussi contribuer avec ce petit mais intense tribut au réveil de cette mémoire historique occitane et cathare qui nous est si chère, à travers la beauté et l’émotion de la musique et de la poésie de tous ces Sirventès, Chansons, ou Plaintes qui, aujourd’hui encore, nous interpellent avec tant de force et de tendresse. C’est avec éloquence qu’ils soutiennent et soulignent le discours toujours émouvant de quelques-uns des poètes et musiciens les plus remarquables, qui furent les témoins directs (et parfois aussi des victimes indirectes) des événements liés à l’époque dorée de la culture occitane et en même temps à la naissance, au développement et à l’éradication brutale et impitoyable de cette très ancienne croyance chrétienne.

Grâce à la capacité d’improvisation et de fantaisie, grâce à l’effort, la patience et la résistance (ces nuits interminables !) de toute l’équipe de chanteurs, avec Montserrat Figueras, Pascal Bertin, Marc Mauillon, Lluís Vilamajó, Furio Zanasi, Daniele Carnovich et ceux de La Capella Reial de Catalunya, et des instrumentistes, avec Andrew Lawrence-King, Pierre Hamon, Michaël Grébil, Haïg Sarikouyomdjian, Nedyalko Nedyalkov, Driss el Maloumi, Pedro Estevan, Dimitri Psonis, et les autres membres d’Hespèrion XXI, sans oublier les récitants Gérard Gouiran et René Zosso, nous entrerons en profondeur dans cette tragique mais toujours merveilleuse aventure musicale occitane et cathare. En sept grands chapitres, nous passerons, à travers plus de cinq siècles, des origines du catharisme, à l’essor de l’Occitanie, de l’expansion du catharisme à l’affrontement de la croisade contre les Albigeois et à l’instauration de l’inquisition, de la persécution des cathares à l’élimination du catharisme, de la Diaspora vers l’Italie, la Catalogne et la Castille à la fin des Cathares orientaux avec la prise de Constantinople et de la Bosnie par les troupes ottomanes. Les nombreuses et souvent extraordinaires sources historiques, documentaires, musicales, littéraires nous permettent d’illustrer les principaux moments de cette histoire émouvante et tragique. Les textes bouleversants ou très critiques des troubadours et des chroniqueurs de l’époque seront notre fil conducteur et spécialement l’extraordinaire “Chanson de la croisade Albigeoise” en forme de chanson de geste, avec près de 10.000 vers, conservée dans un seul manuscrit complet à la Bibliothèque Nationale de France. Ce manuscrit qui avait appartenu à Mazarin était devenu au XVIIIe siècle la propriété d’un conseiller de Louis XV. C’est chez lui qu’un des premiers médiévistes, La Curne de Sainte-Palaye, en fit une copie afin de pouvoir l’étudier et de la faire connaître.

Les principaux textes à chanter que nous avons sélectionnés, a part les quatre fragments de la « Chanson de la Croisade albigeoise », l’ont d’abord été pour l’intérêt du poème et de la musique puis spécialement pour leur relation avec les différents moments historiques. Il faut citer le “premier” troubadour, Guilhem de Peitieu, et la “première” trobairitz, Condesa de Dia, et bien sûr les autres merveilleux troubadours comme Pèire Vidal, Raimon de Miraval, Guilhem Augier Novella, Pèire Cardenal, Guilhem Montanhagol et Ghilhem Figueira. Pour les chansons sans musique, nous avons utilisé le procédé de l’emprunt de mélodies d’autres auteurs comme Bernat de Ventadorn, Guiraut de Borneilh, et d’autres auteurs anonymes, ce procédé étant une coutume très répandue dans la poésie médiévale, ce que l’on ignore parfois aujourd’hui. Sur les 2542 œuvres des troubadours qui nous sont parvenues, 514 sont certainement, et 70 autres probablement, des imitations ou des parodies. Entre les 236 mélodies conservées des 43 troubadours qui nous sont connus, il n’y a qu’une seule A chantar m’er de so q’ieu no voldria, qui soit d’une trobairitz, la mystérieuse Condesa de Dia.

Pour les textes plus anciens et plus modernes, nous avons choisi ceux des manuscrits de ces différentes époques ayant aussi une relation très directe avec les moments historiques importants ; comme le Planctus Mentem meam pour la mort de Raimon Berenguer IV, ou la Lamentatio Sancta Eclesia Constantinopolitanæ de Guillaume Dufay. Etant donnée l’importance de l’Apocalypse de Saint Jean, deux moments sont particulièrement essentiels : la merveilleuse Sybille Occitane d’un troubadour anonyme, réalisée dans le style d’improvisation que nous croyons approprié à ce chant si dramatique et le plus conventuel, Audi pontus, audi tellus basée sur une citation de l’Apocalypse selon l’Evangile Cathare du Pseudo-Jean (V.4). Deux des autres problèmes majeurs dans l’illustration musicale de cette grande tragédie étaient d’abord de imaginer comment illustrer les célébrations et les rituels cathares et aussi de quelle manière symboliser musicalement les terribles et nombreux bûchers d’hérétiques présumés qu’on ne pouvait pas ignorer ni oublier. Pour le rituel cathare la base est la récitation de tous les textes en occitan et une très ancienne forme de plain chant pour les textes en latin. Tandis que pour les références aux bûchers, il nous a semblé plus touchant et plus dramatique de mélanger la fragilité des improvisations faites par les instruments à vent d’origine oriental comme le duduk et le kaval, symbolisant l’esprit des victimes, en opposition et en contraste avec la présence menaçante et très angoissante des roulements de tambours, qui en ces époques étaient, le plus souvent, l’accompagnement obligé des exécutions publiques. Après la fin des derniers Cathares d’Occitanie, nous nous rappelons aussi d’une terrible exécution, celle de Jeanne La Pucelle morte à 19 ans par le feu des inquisiteurs implacables.

La terrible amnésie des hommes est certainement l’une des principales causes de leur incapacité à apprendre de l’histoire. L’invasion de l’Occitanie et spécialement le massacre du 22 juillet 1209 des 20.000 habitants de Béziers, sous prétexte de la présence des 230 hérétiques, que le conseil de la ville refuse de livrer aux troupes des croisés, nous rappelle dramatiquement les équivalents dans les temps modernes, avec le début de la guerre civile espagnole en 1936, par l’armée de Franco, avec l’excuse du péril communiste et la division de l’Espagne, les invasions en 1939 de la Tchécoslovaquie avec l’excuse des Sudètes, ou de la Pologne avec la question de Dantzig, par les troupes allemandes d’Hitler. Plus récemment nous avons les guerres du Vietnam (1958-1975), de l’Afghanistan (2001) en réaction aux attentats du 11 septembre et de l’Irak (2003) avec l’excuse des armes de destruction massive. De même que dans les lois établies par le Pape Innocent IV dans sa bulle sur la torture Ad Exstirpanda de 1252, il y a déjà toutes les méthodes d’accusation, sans défense possible, – qui sont aujourd’hui encore en vigueur à Guantanamo – et autorise la torture afin d’extirper aux hérétiques toutes leurs informations, comme c’est le cas dans d’autres pays aux régimes dictatoriaux ou peu scrupuleux sur les droits des accusés. On punissait aussi les accusés d’hérésie et sans jugement, en détruisant leur maison et jusqu’au fondements, procédé qu’il est aussi utilisée aujourd’hui contre les maisons des terroristes palestiniens. Le mal absolu est toujours, celui que l’homme inflige à l’homme. C’est pourquoi nous croyons avec François Cheng que “nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l’univers vivant : d’un côté le mal ; et de l’autre la beauté. Ce qui est en jeu n’est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté.”
Huit siècles ont passé, et le souvenir de cette croisade contre les Albigeois ne s’est pas effacé. Il éveille encore le chagrin et la pitié. Au delà des mythes et des légendes, la destruction de la mémoire de cette formidable civilisation qui était celle du pais d’oc, devenu alors un véritable royaume oublié, la terrible tragédie des Cathares ou “bons hommes” et le témoignage qu’ils ont donné de leur foi, méritent tout notre respect et tout notre effort de mémoire historique.

JORDI SAVALL


Bellaterra, 3 octobre 2009

 

 

ENGLISH VERSION



The Forgotten Kingdom refers, first of all, to the Cathars’ cherished “Kingdom of God” or “Kingdom of Heaven”, which is promised to all good Christians after the Second Coming of Christ; but in the present project it also recalls the forgotten kingdom of Occitania. The “Provincia Narbonensis”, a land of ancient civilisation on which the Romans made their mark, and which Dante described as “the country where the langue d’Oc is spoken”, is succinctly described in the 1994 edition of the dictionary Le Petit Robert 2 as follows: “n.f. Auxitans Provincia. One of the names given to the Languedoc in the Middle Ages.” As Manuel Forcano observes in his interesting article Occitania: Mirror of Al-Andalus and refuge of Sepharad, “From ancient times until the Middle Ages Occitania was a territory that was open to all kinds of influences and whose borders were permeable to different peoples and ideas, a fragile crucible which blended knowledge, music and poetry from learned and sophisticated Al-Andalus to the South, as well as from France and Europe to the North, and from Italy and the Balkans and the exotic world of Byzantium to the East.” All these many varied influences made it one of the most active centres of Romance culture, a country with an intense intellectual activity and a degree of tolerance that was for the medieval period. It not surprising that the udri love of the Arabs should have inspired the poetry and the fin’amor of the trobairitz and troubadours; nor is it surprising that the Cabbala should have sprung out of its Jewish communities. Similarly, it is not strange that the Christians of Occitania should have proposed and discussed different ecclesiastical models, that of the bons homes, or Catharism, and that of the Catholic clergy.

Catharism is among the most important and ancient of Christian beliefs, differentiating itself from the doctrine of the official Church by its certainty regarding the existence of two coeternal principles, Good and Evil. From the earliest days of Christianity, the term heresy (which comes from the Greek hairesis, meaning “choice”, and therefore “particular opinion”) was applied to all interpretations which differed from those recognized by the official Church. As Pilar Jiménez Sánchez so clearly points out in her article “The Origin and spread of Catharisms”, although it was first thought that these dissident beliefs, which appeared around the year 1000, had originated in Eastern Europe (Bulgaria), it is clear that they developed quite naturally out of the numerous theological controversies which were already taking place in Western Europe as early as the 9th century. They became firmly established in many towns and villages of Occitania, a land with its own individual way of life which blossomed with the art of the troubadours. The extraordinary musical and poetic richness of the “troubadouresque” culture which flourished during the 12th and 13th centuries marks one of the most remarkable historical and musical chapters in the development of Western civilisation. It was a period rich in creative exchanges and transformations, but also the victim of upheavals and intolerance, it suffered a terrible historical amnesia, in part due to the tragic events surrounding the Crusade and the relentless persecution of all the Cathars in Occitania. We refer to the “Cathar tragedy” unleashed by the terrible Crusade against the Albigensians.

“Of all the events, and all the political vicissitudes which took place in our country (at that time known as the land of Oc) during the Middle Ages, only one continues, even to this day, to arouse violent passions: it is the crusade that Pope Innocent III launched in 1208 against the heretics who prospered in the South of the kingdom (at that time called Occitania) which was called the Albigeois. If the memory of that military exploit still remains vivid after eight hundred years”, observed Georges Duby, “it is because it touches two nerves which are especially sensitive in our own age: the spirit of tolerance and national feeling.” The religious and political nature of the tragedy, which began with a crusade but culminated in a full-blown war of conquest which raged through what is now the Languedoc and its neighbouring regions, leading to widespread rebellion. With Catholics and heretics now fighting shoulder to shoulder, Occitania was finally liberated from the invader; but, exhausted by the struggle, it fell like a ripe fruit into the hands of the King of France. As Georges Bordonove aptly observes, “it was nothing less than a war of secession, punctuated with victories, defeats, incredible reversals of circumstances, innumerable sieges, senseless massacres, hangings and monstrous executions at the stake, and also, from time to time, some all too rare acts of generosity. Like the phoenix, the Occitan resistance was constantly reborn from its ashes, until it entered a long twilight which was to end in the blaze of the auto da fé at Montségur. The last Perfects (Cathar priests) were then forced into hiding before being hunted down one by one and perishing at the stake. The faidits (dispossessed seigneurs) were once again consigned to oblivion. A new order was established, that of the kings of France.”

The present project would not have been possible without the research of historians and specialists such as Michel Roquebert, the author of L’épopée cathare, the great René Nelli and Georges Bordonove, among so many others, and, in the case of the music and lyrics of the troubadours, Friedrich Gennrich, Martin de Riquer and Francesc Noy, who in 1976 introduced Montserrat Figueras and myself to the world of the trobairitz during our preparation for the recording we made for the EMI Electrola Réflexe collection. More recently, it is thanks to the work, conversations, discussions and, above all, the generous and indispensable dedication of Anne Brenon, Antoni Dalmau, Francesco Zambon, Martín Alvira Cabrer, Pilar Jiménez Sánchez, Manuel Forcano, Sergi Grau and Anna Maria Mussons (for the pronunciation of Occitan) that this project has come about. To them all we would like to express our most sincere gratitude. Their profound knowledge and sensitivity, their scholarship and clarity of thought have been and will continue to be a constant and inexhaustible source of reflection, knowledge and inspiration. Thanks to their painstaking and exhaustive research, we too are able to contribute with this small but intense tribute to the awakening of the historical memory of Occitania and Catharism through the beauty and emotion of the music and poetry of all these sirventès, chansons, and laments which continue to touch us with their expressive power and poignancy. They eloquently underscore the unfailingly moving discourse of some of the most remarkable poets and musicians who were the first-hand witnesses (and sometimes also the indirect victims) of events arising out of the Golden Age of Occitan culture and, at the same time, of the birth, growth and brutal, ruthless eradication of an ancient Christian belief.

Thanks to the improvisation and invention, as well as the effort, patience and stamina (who can forget all those interminable nights!) of the whole team of singers, including Montserrat Figueras, Pascal Bertin, Marc Mauillon, Lluís Vilamajó, Furio Zanasi, Daniele Carnovich and those of La Capella Reial de Catalunya, and the instrumentalists, including Andrew Lawrence-King, Pierre Hamon, Michaël Grébil, Haïg Sarikouyomdjian, Nedyalko Nedyalkov, Driss el Maloumi, Pedro Estevan, Dimitri Psonis and the other members of Hespèrion XXI, not forgetting the readers of the featured texts, Gérard Gouiran and René Zosso, we can now take part in that tragic yet wonderful Occitan and Cathar musical adventure. In seven major chapters covering more than five centuries, we shall trace the origins of Catharism to the rise of Occitania, the spread of Catharism up to the onslaught of the Albigensian Crusade and the setting up of the Inquisition, the persecution of the Cathars to the elimination of Catharism, the Diaspora to Italy, Catalonia and Castile to the end of the Eastern Cathars with the capture of Constantinople and Bosnia by the Ottoman armies. The numerous and often extraordinary historical, documentary, musical and literary sources allow us to illustrate the landmarks in this moving and tragic story. Our unifying thread will be the gripping and fiercely critical texts of the troubadours and chroniclers of the period, in particular the extraordinary “Song of the Cathar Wars”, written in the form of a chanson de geste consisting of almost 10,000 lines, conserved in a single complete manuscript in the French Bibliothèque Nationale. In the 18th century, the manuscript, which had belonged to Mazarin, became the property of an advisor to Louis XV. It was under his auspices that one of the first medievalists, La Curne de Sainte-Palaye, made a copy with a view to studying and making the text more widely known.

Aside from the four fragments from the Song of the Cathar Wars, the principal sung texts in the present recording were chosen primarily on the basis of their poetic and musical interest, as well as their relevance to the various historical events. In this context, we should single out the “first” troubadour, Guilhem de Peitieu, and the “first” trobairitz, the Countess of Dia, and of course the other wonderful troubadours such as Pèire Vidal, Raimon de Miraval, Guilhem Augier Novella, Pèire Cardenal, Guilhem Montanhagol and Ghilhem Figueira. In the case of the songs for which no music is extant, we have followed the practice of borrowing melodies by other composers such as Bernat de Ventadorn, Guiraut de Borneilh, and other anonymous authors, thus emulating a very widespread practice in medieval poetry, a fact that is sometimes overlooked today. Of the 2,542 works by troubadours which have been handed down to us, 514 are certainly and a further 70 are probably imitations or parodies. Among the 236 surviving melodies by the 43 troubadours who are known to us, there is only one, A chantar m’er de so q’ieu no voldria, that was written by a trobairitz, the mysterious Countess of Dia.

In cases where both ancient and more modern texts exist, we have selected those from manuscripts dating from different periods which also have a very direct bearing on the major historical moments, such as the planctus Mentem meam on the death of Raimon Berenguer IV, and the Lamentatio Sancta Matris Constantinopolitanæ by Guillaume Dufay. Given the key relevance of St John’s Book of Revelation, two pieces are of fundamental importance: the splendid Occitan Sybille, composed by an anonymous troubadour, performed here in the style of improvisation which we feel to be appropriate to this highly dramatic and most conventual of chants, and Audi pontus, audi tellus, based on a quotation from the Apocalypse according to the Cathar Gospel of Pseudo-John (V.4). Two major problems facing us in our musical illustration of this great tragedy were, first of all, how to illustrate the Cathar celebrations and rituals, and secondly, how to represent in music the inescapable, unforgettable reality that on so many terrible occasions heretics were burned at the stake. In our approach to Cathar liturgy, all the texts are recited in Occitan, while the texts in Latin are sung in a very ancient form of plain chant. In evoking the executions at the stake, we have used a moving and dramatic combination of delicate improvisations on wind instruments of Eastern origin, such as the duduk and the kaval, symbolising the souls of the victims, with the contrasting menace and mounting tension expressed by the presence of drum rolls, which in those days were the usual accompaniment to public executions. After the last Cathars of Occitania were wiped out, we also recall another terrible execution, that of Joan of Arc, the Maid of Orleans, who died aged 19 in the flames of the implacable Inquisitors.

The terrible amnesia to which humankind is prey is undoubtedly one of the principal causes of our inability to learn from history. The invasion of Occitania and particularly the massacre on 22nd July, 1209, of the 20,000 inhabitants of Béziers on the pretext that the town harboured 230 heretics whom the town council refused to hand over to the Crusaders, dramatically recalls similar events in modern times, such as the Spanish Civil War triggered in 1936 by Franco’s army with the excuse of the Communist threat and the division of Spain, the invasion of Czechoslovakia in 1939 with the excuse of the Sudetenland, and the invasion of Poland by Hitler’s German troops, in September 1939, over the question of Gdansk. More recently, we remember the wars in Vietnam (1958-1975), Afghanistan (2001), those launched in retaliation against the terrorist attacks of 11th September, and the Iraq war (2003) with the excuse of that country”s supposed possession of weapons of mass destruction. Just as the laws promulgated by Pope Innocent IV in his Bull on torture, Ad Exstirpanda of 1252, contemplated all the methods of accusation with no possible defence (still in place today at Guantanamo) and authorized torture as a means of extracting information from heretics, so do countries ruled by dictatorial and unscrupulous regimes today still deny the rights of those they accuse. Punishment was meted out not just to those convicted of heresy, but also to those accused without being sentenced, by the demolition and the very destruction of the foundations of their houses, a procedure still used today against the houses of Palestinian terrorists. Absolute evil is always the evil inflicted by man on man. That is why, in common with François Cheng, we believe that “it is our urgent and permanent task to unveil the two mysteries which constitute the extremes of the living world: on the one hand, evil, and on the other, beauty. For what is at stake is no less than the truth of human destiny, a destiny which involves the very foundations of our freedom.”

Eight centuries have passed, and yet the memory of the crusade against the Albigensians has not been erased. Even today, it evokes sorrow and pity. Leaving myth and legend aside, the destruction of the memory of that remarkable civilisation which was the “land of Oc”, destined to become a truly forgotten kingdom, and the terrible tragedy of the Cathars or “Good Men””” and their witness to their faith, deserve our unreserved respect and determined effort to preserve their historical memory.

JORDI SAVALL


Bellaterra, 3rd October, 2009

Translated by Jacqueline Minett

 

 

 

  

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