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Description
Le
Testament Symphonique de Mozart
1787-1791 Années de
maturité créative, années de détresse Au milieu de cette année 1788 Mozart atteint, à ses 32 ans, la pleine maturité créative dominée par ses trois dernières symphonies, des chefs-d’œuvre absolus, qu’il composa durant une période très courte, à peine un mois et demi. Cet extraordinaire « massif symphonique » aux trois cimes formées par : la 39e en mi bémol du 26 juin, la 40e en sol mineur du 25 juillet et la 41e en Do Majeur La Jupiter du 10 août, représente sans aucun doute son « Testament Symphonique ». Une tâche titanesque qu’il accomplit sans obéir à aucune commande précise, et ne l’oublions pas, dans des conditions de vie extrêmement précaires, comme le montre cette lettre, – presque contemporaine de la composition de la symphonie en sol mineur (K.550), achevée le 25 juillet –, qu’il a envoyée à Michael Puchberg, membre de la loge Zur Wahrheit (À la vérité), qui à cette époque a souvent répondu positivement à ses demandes désespérées d’aide, en lui prêtant régulièrement de l’argent : « Très cher ami et frère de l’Ordre, Les peines et les soucis ont à ce point compliqué mes affaires qu’il s’agit maintenant pour moi de me procurer quelque argent sur ces deux billets d’engagement. Je vous prie, au nom de notre amitié, d’avoir cette obligeance : mais il faudrait que ce fût à l’instant même. Pardonnez-moi de vous importuner, mais vous connaissez ma situation. »
C’est difficile aujourd’hui d’imaginer un
contraste plus brutal, entre cette situation de détresse insoutenable que
Mozart dut subir quotidiennement, spécialement durant les dernières années
de sa vie, et la grandeur et la richesse bouleversante de son inspiration
musicale si unique et si admirable. C’est pourquoi pouvoir présenter ce
« Testament Symphonique » de Mozart, avec l’enregistrement de ses trois
dernières symphonies, interprétées par l’orchestre Le Concert des Nations
jouant sur instruments d’époque, est un grand bonheur pour nous qui nous
oblige encore davantage à être pleinement conscients des grandes souffrances
et des extrêmes difficultés vécues par Mozart, – dans une époque et une
société qui n’a pas su le comprendre dans sa réelle dimension musicale et
encore moins lui apporter le soutien moral et financier dont il avait besoin
pour pouvoir épanouir avec plénitude son incomparable génie.
C’est justement durant le processus de
travail réalisé pour étudier et comprendre le contexte et les motivations
créatives de Mozart au moment de la composition de ses trois dernières
symphonies, qu’il m’a paru nécessaire de me plonger de nouveau dans l’étude
de son œuvre et des événements les plus marquants de sa vie, durant la
deuxième partie de 1787 et les années suivantes. Durant l’été de 1788 Mozart
vit une période d’extraordinaire créativité et de maturité, mais c’est aussi
l’époque où sa vie passe le seuil de la pauvreté pour atteindre celui de la
misère la plus dégradante, ce qui l’oblige constamment à s’endetter au-delà
du raisonnable, en demandant régulièrement des prêts à ses amis des loges
maçonniques dont il avait fait partie depuis qu’il avait rejoint l’Ordre le
14 décembre 1784. Grâce aux formidables recherches faites par H. C. Robbins Landon dans les années quatre-vingt, on a pu confirmer clairement les liens qu’a eu Mozart dans les dernières années de sa vie, avec la franc-maçonnerie, et spécialement avec la loge Zur gekrönten Hoffnung (À l’espérance couronnée) de Vienne. C’est pour cette raison que nous avons choisi tout spécialement cette toile anonyme, qui nous montre la représentation d’une tenue de la loge maçonnique Zur gekrönte Hoffnung en 1790, comme couverture de notre édition. On y remarque très clairement la présence de Mozart comme premier personnage à la droite de ce tableau. Pour renforcer la présence visuelle de Mozart dans l’image de la couverture, nous nous sommes permis de remplacer l’illustration sur le mur du fond de la toile, par le portrait inachevé de Mozart peint par son beau-frère Joseph Lange entre les années 1789 et 1790. La peinture allégorique qui occupe le mur visible dans l’original, (qui est reproduite à l’intérieur du livret) représente une étendue d’eau et un arc-en-ciel. L’arc-en-ciel, apparu après le déluge, étant un symbole d’espoir dans le langage biblique et maçonnique, il devait être évident pour les initiés que la loge représentée dans ce tableau était « À l’esperance couronnée ».
(« Maitre de chapelle royale et impériale [grade] III »)
Nous savons aussi, que l’œuvre maçonnique la plus importante de Mozart, la Maurerische Trauermusik (K.477), fût jouée en 1785 lors de la cérémonie funèbre pour la mort de deux frères de cette Loge ; Georg August, duc de Mecklenburg-Strelitz (décédé le 6 novembre) et Franz, comte d’Esterházy de Galántha (décédé le 7 novembre). Le comte en était membre et une tenue funèbre eut lieu dans cette loge le 17 novembre, avec la participation d’un ensemble orchestral aussi extraordinaire que fortuit, comprenant la présence des deux frères musiciens, Anton David et Vincenz Springer, qui jouèrent les parties de cor de basset, auxquelles on peut raisonnablement supposer que s’ajouta l’ami de Mozart Anton Stadler en jouant la partie de clarinette. Nous sommes totalement d’accord avec Robbins Landon, quand il écrit : « Par la densité de son symbolisme, cette Musique funèbre maçonnique montre que Mozart était totalement imprégné des théories et des philosophies de la mort et de leur relation symbolique avec le premier grade de l’Ordre ». [i] Deux ans plus tard en 1787, Mozart commence l’année sous d’heureux auspices, après l’accueil enthousiaste reçu pendant son séjour à Prague où on lui offre tout ce que Vienne lui refuse : succès, appuis officiels, scène et troupe de théâtre. Mais c’est la crise, et il répond « J’appartiens trop à d’autres personnes, et trop peu à moi-même ». Il désire la solitude pour composer et réfléchir. Dans les prochains mois, divers faits liés étroitement à sa vie personnelle, vont le toucher profondément : la séparation, qui met fin au plus délicieux amour de sa vie : Nancy Storace (la Suzanne des Noces), la mort de son troisième enfant, celle de son ami Hatzfeld et la nouvelle (le 4 avril) de l’aggravation de l’état de santé de son père, et finalement sa mort, survenue en son absence le 28 mai 1787.
Un mois plus tard, dans la lettre datée du 11 mai de la même année, adressée à sa fille Nannerl, c’est Leopold Mozart qui exprime son inquiétude « Ton frère habite maintenant dans la Landstrasse, au nº 224. Il ne me donne aucune explication à ce sujet. Rien du tout ! Malheureusement, je la devine. » Mozart avait alors commencé à s’endetter – mais quelles raisons, quelles circonstances l’avaient conduit à vivre au-dessus de ses moyens ? Nous sommes, sur ce point, réduits aux conjectures.
Le 29 octobre il présente l’opéra Don Juan à Prague, basé sur la célèbre œuvre de Tirso de Molina, avec une admirable version scénique montée par Lorenzo Da Ponte, en partant des exigences de Mozart, qui voulait conférer plus de force à ses personnages secondaires, en imposant le quatuor, le trio des masques, le sextuor. Mozart nous montre avec sa sublime vision de cet opéra, qu’il est un génie dramatique au même titre qu’un Shakespeare ou qu’un Molière.
Malgré ses énormes difficultés financières, son élan créateur, stimulé par ses succès pragois n’en sera pas diminué au contraire, une fois cet opéra terminé il va passer par une période d’effervescence créative, qui se terminera avec la composition de ses trois dernières symphonies. Nous sommes d’accord avec Jean-Victor Hocquard « Qu’il nous suggère déjà le concept d’un grand projet symphonique en trois parties ; Il sera bon, par conséquent, de ne pas désolidariser ces trois chefs-d’œuvre, et de les considérer comme trois mouvements d’une seule, et immense, pièce symphonique ». Le Franc-Maçon Mozart sait qu’il n’est pas séparé de l’univers, qu’entre son histoire et celle de la société humaine il y a plus d’un rapport, tantôt mystérieux et tantôt évident. Nous sommes d’accord avec J.& B. Massin que « C’est bien de sa plus intime Erlebnis (Vécu – Expérience) que naît la trilogie de 1788, mais elle déborde les données individuelles sans les trahir, et la victoire que chante la Symphonie en Ut, c’est à la fois la victoire de Wolfgang sur la misère et la solitude, et l’avenir vers lequel l’humanité progresse ».
Cette unité est pour nous très évidente, tant au niveau de l’interprétation, que de l’écoute ; il suffit de sentir avec quel naturel et éloquence s’enchaine et se développe le premier mouvement de la symphonie en Sol mineur, si on l’interprète ou on l’écoute après l’Allegro final de la symphonie en Mi bémol. Le même effet de parfaite continuité du discours musical se produit si nous abordons, à continuation du finale de la Sol mineur, la symphonie en Do majeur, (c’est la raison pour laquelle, nous vous proposons les trois symphonies réparties en deux CDs ; 1er CD avec les symphonies 39 et 40, et le 2e CD avec les symphonies 40 et 41. (Avoir la symphonie en Sol mineur répétée dans ce 2e CD, nous permet de les écouter à la suite, sans devoir changer de CD).
Ces œuvres, que Mozart n’a peut-être même pas pu écouter, n’ont pas été facilement comprises en son temps ni même toujours par les générations postérieures. A la fin de 1790 paraît dans l’Historisch-Biographisches Lexicon der Tonkünstler de Gerber cette notice sur Mozart, qui explique son isolement et l’incompréhension des amateurs contemporains : « Ce grand maître, grâce à sa précoce connaissance de l’harmonie, s’est familiarisé si profondément et si intimement avec cette science qu’il est difficile à une oreille non exercée de le suivre dans ses œuvres. Même les auditeurs plus exercés sont obligés d’entendre ses compositions plusieurs fois ».
« Trop de développements sans but et sans effet, trop de procédés techniques », critique Berlioz à propos de ces dernières symphonies. « Il a raison, si l’on demande à la musique une exaltation imaginative et passionnelle, soutenue et poussée au paroxysme à l’aide d’une rhétorique qui dose sciemment, ou complaisamment des ‘effets’. Or le propre de Mozart» –poursuit Jean-Victor Hocquard, dans sa magnifique biographie de Mozart (Ed. du Seuil, Paris 1970) – « c’est non seulement de ne pas avoir recherché cela, mais encore, quand il y eut goûté, de l’avoir brisé. Ainsi ses symphonies seront-elles sans lendemain, et ce que le maître avait fait pour le quatuor et le quintette à cordes, il le réussit à présent pour la masse orchestrale sans piano : il en fait un matériau de pure poésie ». En 1788 Mozart atteint la maturité et le sommet symphonique de son temps à l’âge de 32 ans. Un « jeune » compositeur appelé Ludwig van Beethoven prend la relève onze années plus tard (1799), en composant à l’âge de 29 ans, sa première symphonie en Do majeur. ——— En 1789 la situation de Mozart s’était encore dégradée. Mais quel contraste entre l’intensité créative de ce géant de la musique et sa misérable situation financière, qui devenait de plus en plus désespérée, et l’oblige à demander trop souvent de l’argent à des amis qu’il fréquente dans la loge maçonnique.
Dans une autre lettre à Michael Puchberg du 12 juillet 1789, il écrit : « O Dieu ! Au lieu de remerciements, je viens avec de nouvelles demandes ! Au lieu de règlement, une nouvelle requête ! Si vous connaissez à fond mon cœur, vous devez sentir de même la douleur que j’en éprouve. Je n’ai certes pas besoin de vous rappeler comment cette malheureuse maladie m’a empêché de satisfaire mes commandes : je dois seulement vous aviser que, malgré ma situation misérable, je me suis résolu à donner chez moi des académies pour souscription, afin de pouvoir faire face au moins à mes si grandes et si nombreuses dépenses présentes ; car j’étais parfaitement convaincu de votre affectueux soutien ; mais là encore j’ai échoué ! Le destin m’est malheureusement si hostile, quoique seulement à Vienne, que je ne puis rien gagner du tout, quoi que je veuille faire ; voici quinze jours que j’ai fait circuler une liste [de souscripteurs], et le seul nom de Swieten y figure ! »
Une année plus tard, le 20 janvier 1790, Mozart écrivait de nouveau à son ami Puchberg : « Si vous pouviez et vouliez me confier encore 100 florins, je vous serais extrêmement obligé. Demain a lieu la première répétition instrumentale au théâtre. Haydn m’y accompagnera. Si vos affaires vous le permettent, et que vous eussiez plaisir à assister à la répétition, il vous suffit d’avoir la bonté de venir chez moi demain matin à 10 heures, et nous nous y rendrons tous ensemble. Votre très sincère ami.
Joseph Haydn et Puchberg suivent de près la naissance de Così fan tutte, et Puchberg continue au fil des semaines à avancer de l’argent à Mozart sur la garantie de ses honoraires. La « première » a lieu au théâtre national le 26 janvier 1790. Les réactions des critiques sont bonnes, et c’est la première fois, semble-t-il, que se fait l’unanimité sur un opéra mozartien représenté à Vienne. Le lendemain de la « première », Mozart fête son trente-quatrième anniversaire. C’est la dernière année qui lui reste à vivre en entier ; il n’achèvera pas l’année 1791. Così fan tutte est encore représenté quatre fois, mais le 20 février l’empereur Joseph II meurt et en raison du deuil officiel, les théâtres font aussitôt relâche jusqu’au 12 avril. Pour Mozart la mort de Joseph II est une catastrophe totale ; immédiatement les représentations de son opéra cessent et il se trouve dans l’impossibilité d’organiser des concerts. Mais, à une échelle plus lointaine, les conséquences sont encore plus graves.
Depuis la fin de janvier jusqu’à la fin d’avril, il n’a rien écrit – ce qui ne lui était jamais arrivé depuis l’hiver 1779-1780 à Salzbourg ; on peut juger par-là de sa dépression, sa détresse n’a jamais été pire. Le 14 août 1790, il envoie un S.O.S. à Puchberg ; c’est le plus tragique de ses billets mendiants : « Très cher ami et frère, autant ma santé était supportable hier, autant je vais mal aujourd’hui : je n’ai pu, de douleur dormir de la nuit ; il faut croire qu’hier je me suis échauffé par tant d’allées et venues et que j’aie pris froid sans m’en douter. Représentez-vous mon état ! Malade et plein d’inquiétude, de soucis ! Une telle situation est aussi un empêchement particulièrement sensible à la guérison. Dans huit ou quinze jours j’aurai du secours – sûrement ! mais pour l’instant, c’est la misère. Ne pourriez-vous pas m’assister de quelque petite chose ? Tout me sera de l’aide à l’heure qu’il est et vous tranquilliseriez au moins pour cette heure votre véritable ami et frère.
Comme l’observent si bien Jean et Brigitte Massin dans leur indispensable ouvrage sur la vie et l’œuvre de Mozart (Paris 1970) : « Cette fois Mozart touche le fond de la détresse. Et ce jour-là, Puchberg lui envoie 10 florins, la somme la plus modique qu’on lui ait jamais avancé. Ce qui porte à 510 florins les prêts accordés par Puchberg à Mozart depuis ceux de l’hiver précédent, garantis par les honoraires de Così fan tutte. La courbe des sommes prêtées par Puchberg épouse du reste fidèlement la valeur sociale éventuelle de Mozart. Lorsqu’en avril-mai on peut espérer sérieusement que Mozart obtienne le poste convoité à la Cour, Puchberg répond aux demandes de Wolfgang par des envois de 150 ou 100 florins ; mais lorsqu’il devient évident qu’il n’y a plus d’espoir à garder dans cette direction, ses prêts diminuent jusqu’à se réduire à 10 florins pour la lettre désespérée du mois d’août ». L’évolution des événements montrera que la distance, de plus en plus grande, qui s’établit entre la cour du nouvel empereur Léopold II et Mozart, est la conséquence de la peur de la croissance de la Révolution française, qui secoue victorieusement la monarchie de Versailles et la conviction qui se renforce en Léopold II, que les Francs-Maçons – et surtout ceux qui sympathisent avec l’Illuminisme – ont partie liée avec les Jacobins de France. Or Mozart est l’auteur des Nozze di Figaro, dont Louis XVI disait, on s’en souvient, « Il faudrait détruire la Bastille, pour que la représentation de cette pièce (Le mariage de Figaro) ne soit pas une inconséquence dangereuse. » et il n’a jamais fait mystère de son appartenance à la Franc-Maçonnerie. Et les plus notables de ses amis dans les Loges sont Illuminés. « Comment le musicien qui avait chanté la liberté dans l’Enlèvement, l’égalité dans Figaro, qui va chanter la fraternité dans la Flûte, n’aurait-il pas adhéré de tout son cœur à la devise LIBERTÉ !, ÉGALITÉ ! FRATERNITÉ ! qui était déjà bien connue du Grand-Orient de France, et que proclament aujourd’hui les révolutionnaires ? » « L’omission de Mozart sur la liste des musiciens invités aux fêtes du couronnement n’est pas la conséquence d’un oubli ou d’une indifférence, elle marque la volonté de l’enterrer vif » (J.& B. Massin).
Vers la fin de cette année noire de 1790, il reçoit une intéressante proposition d’engagement du directeur de l’Opéra italien à Londres pour diverses activités à réaliser entre décembre 1790 et Juin 1791. Mais Mozart ne pourra pas l’accepter, pour s’en aller dans un délai aussi court, il faut être libre. Mozart ne l’est pas. Son titre et sa charge l’empêchent de partir sans faire les démarches nécessaires à un congé. Comment mettre si vite de l’ordre dans une situation si embrouillée ? Comment trouver l’argent nécessaire pour faire le voyage jusqu’en Angleterre ? Mozart est le prisonnier de sa propre misère, le prisonnier de Vienne. Ce voyage auquel il lui faut renoncer, l’un de ses plus chers amis l’entreprend. Le 15 décembre 1790, Joseph Haydn quitte Vienne pour une tournée de concerts à Londres. Haydn parti, Mozart se retrouve seul encore une fois devant ses problèmes financiers. Projets, résolutions, réalisations, efforts sur lui-même ne changent rien à la détresse de son foyer. Son dernier hiver, sera un des plus durs qu’il eut vécu : Son ami, Joseph Deiner, le patron de la brasserie « Serpent d’argent », où Mozart aime à s’attarder en compagnie d’autres musiciens, raconte : « En 1790, il avait été chez Mozart. Il avait trouvé alors Mozart et sa femme dans le cabinet de travail qui avait une fenêtre sur la Rauhensteingasse. Mozart et sa femme étaient en train de danser consciencieusement autour de la pièce. Deiner avait demandé à Mozart s’il apprenait à sa femme à danser ; Mozart lui avait répondu en riant : ‘Nous nous réchauffons, parce que nous avons froid et que nous ne pouvons acheter du bois’ ». Deiner était parti aussitôt et avait apporté de son propre bois, Mozart le prit, lui promettant de le lui payer, quand il aurait de l’argent. (Souvenirs de Joseph Deiner). Ludwig Nohl, Mozart nach den Schilderungen seiner Zeitgenossen, Leipzig, 1880.
En 1791, la situation financière des Mozart commença à s’améliorer nettement, à la différence de 1790 – année désastreuse, où Mozart ne composa presque rien d’important, excepté les deux autres Quatuors prussiens, le Quintette à cordes en Ré majeur et la Pièce pour horloge musicale – 1791 fut pour Mozart l’une des années les plus prolifiques, dans laquelle se détachent le concerto pour piano nº 27, les Six Danses Allemandes pour grand orchestre, l’Ave verum corpus, Die Zauberflöte, La Clemenza di Tito, Le concerto pour clarinette en la, Eine kleine Freymaurer-Kantate et la plus grande partie du Requiem.
Le 14 Octobre 1791, Mozart est à Vienne et il amène Salieri et sa maîtresse, la cantatrice Caterina Cavalieri, entendre sa Flûte Enchantée. Dans sa dernière lettre qui nous soit connue, il explique à son épouse « Qu’ils ont dit, tous deux, que c’est un opéra digne d’être donné lors des plus grandes festivités, devant les plus grands monarques ». Le même jour, l’empereur Leopold II, dans le Hofburg à Vienne, reçut une lettre non signée d’un confident (dont il reconnaît l’écriture), accusant l’archiduc François von Schloissnig, de préparer une révolution contre lui. Une des enquêtes qui suivirent se référa à l’un des principaux protecteurs de Mozart, le baron de Swieten et à beaucoup d’autre membres des Loges Maçonniques, que le gouvernement autrichien soupçonnait de vouloir suivre l’exemple français en créant une monarchie constitutionnelle. Il ne fait guère de doute que Mozart, franc-maçon de premier plan, aurait été soupçonné également.
Toute cette terrible situation, combinée avec son état physique toujours délicat et un rythme de travail extrêmement intense, aura progressivement des conséquences néfastes sur son état de santé mental et physique. Le coup fatal se produit le 12 novembre 1791, avec la dure condamnation de Mozart suite à un procès, auquel fut mêlé le prince Carl Lichnowsky[ii], membre de la même loge que Mozart dans les années 1784-1786. Des documents découverts par le grand spécialiste de Mozart H. C. Robbins Landon au Hofkammerarchiv de Vienne, ayant trait à un procès dont on ignorait jusqu’à l’existence, nous apportent pour la première fois des preuves qui expliquent, ce qui a probablement été la cause principale de la mort du compositeur à l’âge de 35 ans. On y apprend que le 12 novembre 1791 Mozart fut condamné à rembourser une dette de 1.435 florins et 32 kreuzer, ainsi que les 24 florins de frais, avec saisie de la moitié de son traitement de compositeur de la chambre impériale et royale, et mise sous séquestre de ses biens. On ne connaît pas les détails de cet extraordinaire procès, mais si nous prenons en compte la situation extrêmement précaire de Mozart, il est plus que probable que le choc émotionnel et financier de cette implacable condamnation contribua fortement à précipiter la disparition précoce du compositeur. En effet 24 jours plus tard, au terme d’une grave maladie, marqué à ses derniers stades par une défaillance rénale, Mozart mourut, à minuit cinquante-cinq, le 5 décembre 1791, il avait 35 ans.
Ses frères francs-maçons organisèrent une cérémonie funèbre à sa mémoire et l’oraison fût imprimée par Ignaz Alberti, membre de la loge du compositeur, qui avait publié le premier livret de La flûte enchantée.
Après les obsèques célébrées devant la chapelle du crucifix de la cathédrale Saint-Étienne, à trois heures de l’après-midi, le 6 décembre 1791, la dépouille fût transportée au cimetière de Saint-Marc, au-delà des murs de la ville, pour être enterrée dans une fosse anonyme.
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« J’ai été longtemps hors de moi par la
mort de Mozart ; Joseph Haydn
On demandait à Rossini ; Quel était le plus
grand des musiciens ? – Beethoven !
Deux-cents ans plus tard, ce jugement est encore valable. JORDI SAVALL
[i] Nous ajoutons à notre édition des trois dernières Symphonies de Mozart, notre enregistrement de la Maurerische Trauermusik comme « Bonus Track », et ceci pour mieux se situer dans l’ambiance musicale et spirituelle de ces Loges maçonniques auxquelles Mozart était si étroitement lié. Elle sera située – pour une question de minutage – à la fin du premier CD, mais le moment idéal de son écoute peut aussi se faire après le dernier mouvement de la Symphonie « Jupiter ».
[ii] Le même Lichnowsky qui, quinze années plus tard, octobre 1806, ayant menacé de mettre Beethoven aux arrêts s’il s’obstinait à refuser de jouer du piano pour des officiers français stationnés dans son château (la Silésie était occupée par l’armée napoléonienne depuis Austerlitz), le compositeur quitte son hôte après une violente querelle et lui envoie un billet qui se passe de tout commentaire :
« Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. »
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ENGLISH VERSION Mozart’s Symphonic Testament
1787-1788 By the middle of 1788, at the age of 32, Mozart had reached the height of his creative maturity, dominated by the last three symphonies, absolute masterpieces that he composed in a very short period of time – barely one and a half months. This extraordinary “symphonic massif” consisting of three peaks – Symphony No. 39 in E-flat major, completed on 26th June, Symphony No 40 in G minor, completed on 25th July and Symphony No. 41 in C major, the “Jupiter”, dated 10th August – is unquestionably the composer’s “Symphonic Testament”. A titanic task that he carried out without any specific commission, and, moreover, in extremely precarious personal circumstances, as can be seen from the following letter, penned almost at the same time as the Symphony in G minor (K.550), which was finished on 25th July, which he sent to Michael Puchberg, a member of the Zur Wahrheit (“To Truth”) Masonic lodge, who at that time frequently responded positively to his desperate pleas for help by regularly lending him money: “My very dear friend and brother in the Order, Owing to great difficulties and complications, my affairs have become so beleaguered that I find myself having to raise some money on these two pawn-broker’s tickets. In the name of our friendship, I beg you to do me this kindness, but it must be immediately. Forgive me for bothering you, but you know what my circumstances are.” It is difficult today to imagine a more brutal contrast between the unremitting distress experienced by Mozart in his daily life, particularly in the final years, and the grandeur and dazzling richness of his unique and remarkable musical inspiration. It is therefore a great honour for us to present this “Symphonic Testament” of Mozart, with the recording of his last three symphonies, performed by the orchestra of Le Concert des Nations on period instruments, fully aware of Mozart’s suffering and extreme hardships at a time and in a society that failed to grasp his true musical greatness and to provide him with the moral and financial support he needed to fully develop his incomparable genius. It was during the process of studying and understanding Mozart’s context and creative motivations at the time of composing his last three symphonies that I realised that it was essential to delve once more into his work and the most significant events of his life during the second half of 1787 and the following years. The summer of 1788 was a period of extraordinary creativity and maturity for the composer, but it was also the moment at which his life crossed the threshold of financial difficulties and declined into the most abject poverty, a situation which constantly obliged him to enter into unsustainable debts by regularly seeking loans from his friends at the Masonic lodges of which he had been a member after being admitted to the Order on 14th December, 1784. The impressive research carried out by H. C. Robbins Landon during the 1980s clearly confirms Mozart’s links with Freemasonry during the last years of his life, in particular the Masonic lodge Zur gekrönten Hoffnung (Crowned Hope) in Vienna. It is for this reason that we have specially chosen the anonymous painting depicting a meeting of the Crowned Hope Masonic lodge in 1790 as the cover illustration of our edition. Mozart is distinctly visible as the first figure on the right of the painting. To reinforce the visual presence of Mozart in the cover image, we have taken the liberty of replacing the illustration on the wall in the background of the painting with the unfinished portrait of the composer by his brother-in-law Joseph Lange (1789 and 1790). The allegorical painting hanging on the wall in the original (reproduced in the booklet) represents an expanse of water and a rainbow. Given that the rainbow which appeared after the Flood, is a symbol of hope in the Bible and in Masonic iconography, it must have been obvious to the initiated that the painting depicted the Crowned Hope Lodge. These links with Freemasonry are further corroborated by the recent discovery of an authentic document in which Mozart is referred to as member Nº 56: “Mozart Wolfgang: Kapell Meister III Degree”. We also know that Mozart’s most important Masonic work, the Maurerische Trauermusik (K.477), was performed in 1785 at the funeral following the death of two members of that lodge – Georg August, Duke of Mecklenburg-Strelitz (who died on 6th November) and Franz, Count Esterházy von Galántha (who died on 7th November). As the count was a brother of the lodge, a funeral was held there on 17th November with the participation of an orchestral ensemble as extraordinary as it was fortuitous, including the two brothers Anton David and Vincenz Springer, who played the basset horn parts, very likely joined by Mozart’s friend Anton Stadler on the clarinet. We entirely agree with Robbins Landon when he writes: “The dense symbolism of this Masonic Funeral Music shows that Mozart was thoroughly imbued with the theories and philosophy of death and their relevance to the first degree of the Order.”[1] Two years later, in 1787, Mozart began the year under more auspicious circumstances following the enthusiastic welcome he had been given in Prague, a city which offered him everything that Vienna had denied him: success, official support, a stage and a theatre company. But he was at a critical juncture and he turned the offer down, saying: “I belong too much to others, and too little to myself.” He needed solitude in order to compose and think. Over the following months, various factors closely linked to his personal life were to have a profound effect on him: the departure from Vienna of Nancy Storace (who had sung Suzanne in The Marriage of Figaro), thus drawing to a close the sweetest love of his life, the death of his third child, as well as that of his friend Hatzfeld, and the news (received on 4th April) of his father’s worsening state of health and his eventual death, which occurred in Wolfgang’s absence on 28th May, 1787. It was at this time that he fraternally (in the Masonic sense) spoke to his father about the meaning of death. In a famous letter, written on 4th April 1787, Wolfgang confided in the dying Leopold: “As death (when closely considered) is the true goal of our life, I have made myself so thoroughly acquainted with this good and faithful friend of man, that not only does its image no longer alarm me, but rather it is something most peaceful and consolatory! And I thank God that He has vouchsafed to grant me the happiness, and has given me the opportunity (you understand me), to learn to see it as the key to our true felicity. I never lie down at night without thinking (young as I am) that I may be no more before the next morning.” A month later, in the letter dated 11th May of the same year, addressed to his daughter Nannerl, Leopold Mozart voiced his concern: “Your brother is now living at 224, Landstrasse. He has given me no explanation regarding this matter. None at all! Unfortunately, I can guess the reason.” Mozart had already started to get into debt, but what were the reasons and circumstances that had led him to live beyond his means? We can only speculate on the answer to these questions. On 29th October in Prague he performed his opera Don Giovanni, based on Tirso de Molina’s famous play, in an admirable stage version by Lorenzo Da Ponte, working to instructions from Mozart himself, who wished to give greater prominence to the secondary characters in the quartet, the mask trio, and the sextet. The sublime vision of this opera reveals Mozart as a dramatic genius on a par with Shakespeare or Molière. In spite of his enormous financial difficulties, his creative energy, encouraged by his success in Prague was not diminished. On the contrary, after the opera he enjoyed a burst of creativity which was to culminate in the composition of his last three symphonies. We agree with Jean-Victor Hocquard, who writes: “He suggests the concept of a vast 3-part symphonic project; it is therefore appropriate not to see these three masterpieces in isolation, but to consider them as the three movements of a single, vast symphonic work.” Mozart the Freemason knew that he was not separate from the universe, and that his own personal story and human society were connected in many ways that were sometimes mysterious and sometimes evident. Like J. & B. Massin, we believe that “It was from his most intimate Erlebnis (experience) that the 1788 trilogy was born, yet it transcends the composer’s personal circumstances while remaining true to them, and the victory proclaimed in the Symphony in C major is both Mozart’s victory over poverty and solitude and the victorious future towards which humanity is progressing.” This unity strikes us as quite evident, both in terms of performance and as a listening experience: one need only feel the naturalness and eloquence of the development of the first movement of the Symphony in G minor, performing or listening to it after the final Allegro of the Symphony in E-flat major. The same perfect continuity of musical discourse is apparent when we approach the Symphony in C major after the Finale of the Symphony in G minor Hence our proposal of the three symphonies on two CDs, with Symphonies 39 and 40 on CD1 and Symphonies 40 and 41 on CD2. (Repeating the Symphony in G minor on the second CD, enables us to listen to them one after the other, without having to change CDs). These works, which Mozart possibly never heard performed, were not readily understood in his own day, or even by later generations. At the end of 1790, Gerber published in his Historisch-Biographisches Lexicon der Tonkünstler the following entry on Mozart, referring to his isolation and the difficulty of his contemporaries in understanding his work: “Thanks to his precocious knowledge of harmony, this great master acquired such a profound and intimate familiarity with this science that it is difficult for an untrained ear to follow his compositions. Even the most seasoned audiences need to listen to his compositions several times.” Berlioz writes of these last symphonies that they contain “Too many pointless developments to no effect, too many technical tricks”. “If one requires of music an imaginative and impassioned exaltation, sustained and taken to extremes thanks to a rhetoric in which the ‘effects’ are judiciously or obligingly tempered, then he is right”. What is distinctive about Mozart”, argues Jean-Victor Hocquard in his magnificent biography of the composer (Ed. du Seuil, Paris 1970) – “is not only that he did not contrive these effects, but rather that, having tried them, he then broke the mould. His symphonies were unparalleled, and what the maestro had done for the string quartet and quintet, he now achieves in his writing for the orchestra independently of the piano: he makes it the substance of pure poetry.” Mozart reached maturity and the peak of symphonic composition in his day at the age of 32. It was not until eleven years later (1799) that a 29-year-old Ludwig van Beethoven would follow Mozart’s lead and compose his Symphony No. 1 in C major. ——— In 1789 Mozart’s circumstances had deteriorated even further. But what a contrast between the creative intensity of this musical giant and his wretched and increasingly desperate financial situation, one which too often forced him to borrow money from his friends at the Masonic lodge. In another letter to Michael Puchberg dated 12th July, 1789, he writes: “Oh, God. Instead of thanking you, I come to you with new requests! Instead of paying off my debts, I come asking for more! If you can see into my heart, you must feel that same anguish that I am experiencing I hardly need remind you that this unfortunate illness is slowing me down with my earnings: however, I must tell you that, in spite of my miserable situation, I decided to go ahead and give subscription concerts at my house so that I can at least meet my numerous current expenses, which are considerable and frequent; for I was absolutely convinced that I could rely on your friendly help and support; but in this respect also I have failed! Unfortunately, fate is so against me, albeit only in Vienna, that I cannot earn any money, no matter how hard I try. For two weeks now I have sent round a list for subscriptions, and the only name on it is Swieten!” One year later, on 20th January, 1790, Mozart wrote once again to his friend Puchberg: “If you can and will lend me a further 100 florins, you will oblige me very greatly. We are having the first instrumental rehearsal at the theatre tomorrow. Haydn is coming with me. If your business allows you to do so, and if you would like to hear the rehearsal, please come to my quarters at 10 o’clock tomorrow morning, and we shall all go there together.” Your very sincere friend.
Joseph Haydn and Puchberg followed closely the birth of Così fan tutte, and Puchberg continued to lend Mozart money on the security of the composer’s fees. The premiere took place at the national theatre on 26th January, 1790. The critics’ reactions were good, and it appears that for the first time in Vienna there was unanimity concerning one of Mozart’s operas. The day after the premiere, Mozart celebrated his 34th birthday. It was to be his last full year of life; he would not see out the year 1791. Così fan tutte was performed another four times, but on 20th February Emperor Joseph II died and the theatres remained closed during the official period of mourning until 12th April. For Mozart, Joseph II’s death was a total disaster; the performances of his opera were immediately cancelled and he was unable to organise any concerts. The less immediate consequences were even more serious. From the end of January until the end of April, he had written nothing – a state of affairs that he had not experienced since the winter of 1779-1780 at Salzburg. It was a clear sign of his depression; he had never been in such dire straits. On 14th August, 1790, he sent Puchberg an S.O.S. – the most tragic of his begging letters. “My dear friend and brother, I was tolerably well yesterday, but I feel absolutely wretched today: I could not sleep all night because of the pain; I must have got overheated yesterday from walking so much and then I must have caught a chill without realising it. Imagine my situation! Sick and overcome with worries and anguish! Such a situation prevents a quick recovery. In a week or fortnight I shall be better off, certainly, but at present, I am destitute. Could you not help me out with a trifle? The smallest sum would be very welcome just now and for the time being you would provide relief for your true friend and brother.”
As Jean and Brigitte Massin so aptly observe in their indispensable book on the life and work of Mozart (Paris 1970): “This time, Mozart had reached rock bottom. That same day, Puchberg sent him 10 florins, the most modest sum he had ever been loaned. This brought Puchberg’s loans to Mozart since those of the previous winter to a total of 510 florins, the composer’s expected fees from Così fan tutte being offered as security. The amounts of money lent by Puchberg closely reflect Mozart’s perceived social standing. In April-May, it seemed likely that Mozart would obtain a coveted position at Court, and Puchberg accordingly answered Wolfgang’s requests by sending him sums of 150 or 100 florins; but when it became clear that he could no longer hope to secure the position, the value of the loans decreased to 10 florins following Mozart’s desperate letter written in August.” Events showed that the increasing distance between the Court of the new Emperor Leopold II and Mozart was due to fear that the French Revolution, which had succeeded in toppling the monarchy of Versailles, would spread, as well as Leopold II’s growing conviction that Freemasons – and particularly those who sympathised with the Enlightenment – were in league with the French Jacobins. Mozart had written the opera The Marriage of Figaro, inspired by the Beaumarchais play of which Louis XVI had said: “For the performance of this play not to be a danger, the Bastille would have to be torn down first.” And he never made any secret of belonging to the Freemasons. Moreover, the most notable among his friends at the lodges were followers of the Enlightenment. “It was unthinkable that the musician who had praised liberty in Die Entführung aus dem Serail, equality in The Marriage of Figaro, and who would go on to raise a hymn to fraternity in The Magic Flute, would not wholeheartedly espouse the slogan “LIBERTY, EQUALITY, FRATERNITY!” that was already familiar to the Grand Orient Lodge of France, and today is proclaimed by revolutionaries.” “The fact that Mozart was not included on the list of the guest musicians at the coronation celebrations was not an oversight or a matter of indifference: it expressed the wish to bury him alive.” (J. & B. Massin).
Towards the end of that grim year of 1790, he received an interesting invitation from the director of the Italian Opera in London to carry out various engagements between December 1790 and June 1791. However, Mozart was not able to accept the offer. To be available at such short notice, he needed to be free of commitments, and Mozart enjoyed no such freedom. His position and his duties prevented him from travelling without making the necessary arrangements to take leave of absence. How was he to sort out such a complicated situation? How was he to find the money necessary to make the trip to England? Mozart was a prisoner of his own hardship, trapped in Vienna. The tour that he had been forced to decline was taken up by one of his closest friends. On 15th December, 1790, Joseph Haydn left Vienna to embark on a London concert tour. After Haydn’s departure, Mozart was once again left to face his financial problems alone. Projects, resolutions, realisations and all his endeavours failed to change the distressed circumstances of his household. His last winter was to prove one of his most difficult: his friend, Joseph Deiner, the owner of the “Zur silbernen Schlange” (The Silver Snake) inn, where Mozart liked to spend time in the company of other musicians, recounted the following: “In 1790, he called on the Mozarts. He found Mozart and his wife in the workroom which overlooked the Rauhensteingasse. The couple were busily dancing around the room. On asking Mozart if he was giving his wife dancing lessons, Mozart laughingly answered: ‘We are warming ourselves up, because we are cold and we can’t afford firewood.” Deiner immediately went and brought some of his own firewood, which Mozart accepted, promising to pay him back as soon as he had some money.” (Joseph Deiner, Memoirs). Ludwig Nohl, Mozart nach den Schilderungen seiner Zeitgenossen, Leipzig, 1880.
In 1791, the Mozart family’s financial circumstances began to improve. Unlike 1790, which had been a disastrous year in which Mozart had composed no works of major importance except the two Prussian Quartets, the String Quintet in D major and his Organ Piece for a Clock – 1791 was one of Mozart’s most prolific years, notably yielding the Piano Concerto No. 27, the Six German Dances for orchestra, the Ave verum corpus, The Magic Flute, La Clemenza di Tito, the Clarinet Concerto in A, Eine kleine Freymaurer-Kantate and the greater part of the Requiem. On 14th October, 1791, Mozart was in Vienna, and he took Salieri and the latter’s mistress, the singer Caterina Cavalieri, to a performance of The Magic Flute. In his last surviving letter, he wrote to his wife: “Both said that it is an opera worthy to be performed on the greatest occasions before the greatest of monarchs.” That same day, Emperor Leopold II, at the Hofburg Palace in Vienna, received an unsigned letter from a confidant (whose handwriting he recognised), accusing Archduke Franz von Schloissnig, of plotting a revolution against him. One of the ensuing investigations mentioned one of Mozart’s principal patrons, Baron Swieten, as well as many other members of Masonic lodges, whom the Austrian government suspected of wishing to follow France’s example by establishing a constitutional monarchy. There can be little doubt that, as a prominent Freemason, Mozart must also have come under suspicion.
This terrible situation, combined with his delicate state of health and a punishingly intense work schedule, progressively took its toll on his mental and physical condition. The fatal blow came on 12th November, 1791, when a harsh sentence was handed down to Mozart following a trial in which Prince Carl Lichnowsky[2], a member of the same lodge as Mozart during the period 1784-1786, was also involved. Documents discovered by the leading Mozart scholar H. C. Robbins Landon at the Hofkammerarchiv in Vienna concerning a previously unknown court case provide the first evidence of what was probably the chief cause of the composer’s death at the age of 35. They reveal that on 12th November, 1791, Mozart was ordered to repay a debt of 1,435 florins and 32 Kreuzer, as well as 24 florins in costs, involving the embargo of half of his stipend as Imperial-Royal Court Composer and his assets going into receivership. The details of this extraordinary trial are not known, but taking into account Mozart’s extremely precarious situation, it is more than likely that the emotional and financial blow dealt by such an implacable sentence contributed to hasten the composer’s untimely demise. 24 days later, following a grave illness characterised in its later stages by kidney failure, Mozart died at 12.55 a.m. on 5th December, 1791, at the age of 35. His Freemason brothers organised a funeral ceremony in his memory, and the funeral oration was printed by Ignaz Alberti, a member of the composer’s lodge, who had published the first libretto of The Magic Flute.
At three o’clock in the afternoon of 6th December, 1791, in the afternoon, following a funeral service in the Chapel of the Holy Cross of St. Stephen’s Cathedral, Mozart’s s remains were transferred to St. Mark’s cemetery outside the city walls, where they were buried in a common grave.
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“I was for some time quite
beside myself over Mozart’s death; Joseph Haydn
When Rossini was asked “Who
was the greatest musician?” he replied, “Beethoven!” Two hundred years later, this judgment still holds true.
JORDI SAVALL
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