Artistes / Performers M.Figueras, M. Arruabarrena, E. Tiso,
C. Mena, F. Farrifosa, J. Ricart, D. Carnovich
La Capella Reial de Catalunya,
dir: Jordi Savall
Lieu d'enregistrement / Recording site: Collégiale du Château de Cardona
(Catalogne/Catalunya)
Date d'enregistrement: 09/1995
Recording date: 09/1995
Durée totale / Total time: 67'59
Édition
originale/Original recording
Réédition /
Reissued
Astrée - 8582
Naïve - 9960
"Les
voyageurs qui visitèrent Valence à la fin du XVe siècle firent
l'éloge de l'embellissement urbain et de la vitalité commerciale
de la ville."
"La prépondérance de Valence fut accentuée par l'établissement sur
les rives de la Turia de la cour du duc de Calabre pendant la
période comprise entre 1526 et 1554. Le duc, Ferdinand d'Aragon
(1488-1550), était le fils aîné du roi de Naples, Frédéric II".
"Travelers visiting Valencia in the late
fifteenth century were full of praise for how well
furbishhed and how commercially dynamic the city had become".
"Valencia's status as a musical capital was further enhanced
by the settling there of the court of the Duke of Calabria,
from 1526 to 1554. The Duke, Ferdinand of Aragon (1488-1550)
was the first born son of the King of Naples, Frederick II".
La musique à la cour valencienne du duc de Calabre
(1526-1554)
"Ferdinand d'Aragon était un homme de la
Renaissance et son attitude
humaniste fit que, pendant près de vingt-cinq ans, la cour du
palais del Real devint, tournée vers le modèle et le souvenir de
la cour paternelle de Naples, le cénacle nobiliaire le plus avancé
des pays hispaniques. En 1527 iI avait fait venir de Ferrare,
résidence de sa mère la reine Isabelle, une partie de l’ancienne
bibliothèque royale napolitaine ; ce fond, que le duc avait
enrichi de nouvelles acquisitions, atteignait en 1550, année de sa
mort, un chiffre avoisinant les huit cents volumes"
"La chapelle musicale du duc disposait déjà de plus de quarante
chanteurs et instrumentistes durant l'époque de la reine Germaine
(épouse du duc), entre 1526 et 1536..."
Ferdinand d'Aragon reçut l'hommage musical de la Messe à cinq voix
Ferdinandus Dux Calabriae ... que lui dédia Jacquet de
Mantoue... "
"Mais l'édition musicale que le dux de Calabre ne vit pas sortir
de l'imprimerie fut l'anthologie de "villancicos" de divers
auteurs ... [connue sous le nom de Conçoner d'Upsala, par
suite de sa localisation à la Bibliothèque de l'Université de
cette ville suédoise en 1909] (et qui) apparaît comme un recueil
unique en son genre, puisqu'il rassemble une sélection de
cinquante-quatre villancicos, dont douze appartiennent au
cycle de Noël, les festivités favorites du duché. Ils ont tous la
saveur de la lyrique traditionnelle, offerte dans une mosaïque de
langues, qui devient l'image et l'expression de l'esthétique
littéraire et musicale de cette cour valencienne de la
Renaissance".
"Sur les douze villancicos religieux liés au cycle
de Noël du Cançoner, huit possèdent une thématique mariale.
L’un d’entre eux Yo me soy la morenica, (Je suis la Vierge
noire), (où c’est la vierge noire qui chante) fait allusion à la
Moreneta, la Vierge de Montserrat, et reprend le célèbre
verset de Salomon, Nigra sum sed formosa. Finalement,
suivant cette même thématique, deux villancicos offrent un
symbole greffé sur la tradition de la lyrique arabo andalouse : “Con
qué la lavaré” (Avec quoi laverai-je) et “Ay luna que
reluzes” (Ô lune qui resplendis). Le sujet de ce dernier
devint un motif récurrent dans le répertoire poétique et musical
hispanique des XVIème siècle et XVIIème siècle..."
Extraits du livret
Josep Maria Gregori I Cifré
Traduction: Janine La Font
Music at the Court of the Duke of Calabria
in Valencia (1526-1554)
"Ferdinand of Aragon was a man of the Renaissance
and, as a result of his humanist outlook, the Viceroy's court of
the Palau del Real became the leading noble artistic centre in
Hispanic countries for nearly twenty-five years, with its gaze
fixed on the model and the memory of the paternal court at Naples.
In 1527 he had made arrangements for part of the former royal
library of Naples to be brought over from Ferrara, where his
mother Queen Isabella was residing; that libray stock, which the
Duke had added to with further acquisitions, had reached a figure
of close on eight hundred volumes by 1550, the year of his death".
"The chapel choir of the Duke already had over
forty singers and instrumentalists during the time of Queen
Germana (wife of the Duke) from 1526 to 1536..."
"Ferdinand of Aragon received musical homage in the form of the
five-voice Mass Ferdinandus Dux Calabriae ... que lui dédia
Jacquet de Mantour..."
"The musical publication that the Duke of Calabria was never
to see in published form was the anthology of "Songs by
various authors...".
"That anthology - formerly known as the
Cançonero de Uppsala on account of its having been
found in the University Library of that Swedish city in 1909 -
came to be regarded as a unique collection in its genre, since it
brought together a selection of fifty-four songs, four of which
belong to the Christmas cycle, the Duke’s favourite festivities.
They all exude the flavour of the lyric tradition as presented
through a multi-lingual mosaic that is the image and expression of
the literary and musical aesthetics of that Valencian court of the
Renaissance".
"Of
the twelve religious carols connected with the Christmas cycle of
this collection, eight are on subjects relating to the Virgin
Mary. In one of them Yo me soy la morenica (I am the dark
maiden), the black Virgin herself sings, with formal allusions to
the Moreneta, the Mother of God of Montserrat, the famous
verse from Solomon, Nigra sum sed Formosa. Subtly linked
with that subject are two songs in which the symbol reaches back
to the Andalusian-Moorish tradition: Con qué la lavaré
(With what will I wash my face?) and Ay luna que reluzes
(Ah, thou shining moon). The subject of that latter song had
become a recurrent motif in the Hispanic poetic and musical
repertoire of the sixteenth and seven teenth centuries…"
"This is vintage Hespèrion
XX. The singing and playing are superb (as always), and the
repertory - melodious and dancey by turn - of the Cançoner
del Duc de Calabria is ritght up their alley." ...
"On this recording, the harp takes precedence over the
vihuela, ... (and this) gives plenty of exposure to the
brilliantly imaginative playing if Andrew Lawrence-King on the
harp."
"In short, this is an outstanding disc which brings to light
another unjustly neglected corner of the repertory in performances
that reveal Hespèrion XX at their very best : a tribute to the
vision and skill of Savall and his team. A must for any collection
"Contrairement aux
précédents chansonniers épinglés au catalogue du groupe
Hespèrion XX, celui-ci contient des musiques du XVIe siècle
avec des pièces de Flextta, Carceres et la présence de
compositeurs comme Morales ou Guerrero. En fait, il s'agit du
très fameux Cançoner d'Upsala représenté ici dans son
cadre historique et géographique d'origine. Cette
réalisation magnifique, sorte de kaléidoscope musical
présentant les innombrables facettes de l'ensemble., fait oublier
l'anonymat presque complet de cette anthologie, témoignage, pas sa
mosaïque de langues, des échanges culturels autour de la
Méditerranée et plus précisément à la cour du duc de Calabre.
Se référant au luxe de sa chapelle (quarante et un membres
en 1546, avec le passage d'instrumentistes virtuoses), Jordi
Savall exploite tous les coloris imaginables sans succomber à la
tentation du montage orchestral prolixe. La Capella Reial de
Catalunya succède à Hespèrion XX mais les musiciens sont les
mêmes. aussi engagés".
"La variété des thèmes
poétiques, parfois teintés par la lyrique arabo-andalouse, est
particulièrement mise en valeur par les différentes
distributions vocales, A luna ou Con que la lavaré
étant des sommets du genre (l'émotion du chant de Montserrat
Figueras!). Monodiques, à voix pareilles ou en polyphonie, les
chants d'une justesse absolue se doublent d'accompagnements
instrumentaux délicats (subtilité de la harpe double)
renforçant les nervures de l'édifice musical sans jamais
obscurcir la lisibilité du contrepoint. Nous avions déjà été
ébloui par l'allant et le dynamisme de certains enregistrements.
Ici, c'est une richesse tout intérieure qui inonde ce Chansonnier
des ducs de Calabre d'une grâce résolument catalane."
Article
collectif par J.N. Coucoureux, S. Friedrich et S. Perreau
Texte intégral:
"Dès l'apparition des rythmes endiablés des vihuelas,
supportant une sorte de chaconne avant l'heure (Ah, Pelayo que
desmayo), force est de reconnaître que Savall n'a pas son
pareil, décidément, pour réussir la musique espagnole. Le voici
dans son élément au sein d'un programme réunissant des pièces
en espagnol extraites du recueil du duc de Calabre, fils aîné du
roi de Naples. C'est l'occasion pour le chef de prouver combien le
lien était étroit entre l'Italie et la péninsule ibérique.
Très contrastées, ces pièces n'ont pas leur pareil pour
déstabiliser l'oreille. On passe de la fête paillarde aux
scènes de ménage par instruments interposés, pour aboutir
finalement aux regrets amers de la passion (A luna que reluzes purement
célestes!)."